Chronique de Julien Cartier, président fondateur de l’Institut pour l’Education Augmentée
avec Adrien PAYET, président fondateur de l’Association EDUCABOT.
Mis à jour le 06/11/24. 11:02
L’IA, entre crainte et espoir, questionne notre humanité. Elle nous pousse à redéfinir l’éducation et à équilibrer tradition et innovation pour préserver nos valeurs dans un monde algo-rythmé.
A la croisée des mondes de l’AI et de l’enseignement, existe-t’il un équilibre pour La République ?
Alors que l’horloge de la rupture technologique est à minuit moins une, le pays des Lumières fait le choix pour l’éducation de la souveraineté et du rayonnement pédagogique, éthique et technologique au services des élèves. Ce n’est pas nous qui le formulons : c’est le Sénat et EduCapital.
Mais comment cela est-il possible alors que l’IA reste encore pour beaucoup d’enseignants une notion au moins aussi abstraite, que la maîtrise pour leurs élèves de la langue de Molière ?
Pour les enseignants, lorsque l’on mentionne ChatGPT ou IA générative, tout à chacun choisit un camp entre technophiles compulsifs et technocritiques qui brandissent le spectre liberticide de l’algocratie. Sans choisir, nous observons l’émergence d’un catalyseur de grande ampleur à l’augmentation humaine, ou pour certain-e-s à son remplacement. Sous 3 ans, 44% des compétences professionnelles seront devenues obsolètes. Pour autant, pour la plupart d’entre nous il est facile de trouver au moins 44% de collègues déjà obsolètes non ? ( blague ou pas ? Une IA ne pourra pas répondre à cette question sans faire du politiquement ennuyeux, pardon, correct. )
Comme le mentionne Arthur GrimondPont, la société n’a jamais été autant interconnectée. Malgré l’interoporabilité et les flux de données extraordinaires, nous n’avons jamais été aussi prêt d’un culte de la pensée unique. Presque tous oscillent entre terreur non-dite, interrogations judicieuses et utilisations désinvoltes d’outils encore trop abscons, en cédant aux affres du mercantilisme et des ombres projetées sur les murs du salon par la lumière blafarde des réseaux sociaux de leurs smartphones. La question se pose donc de savoir « comment vivre à l’heure des algortithmes », voir simplement ce qui signifie être humain ? Nous questionnons l’IA et elle nous invite en retour à nous questionner sur notre propre nature. C’est un débat philosophique, métaphore même de la part d’humanité inhérente à insuffler dans la profession d’enseignant.
Loi de l’algocratie : ce que la philosphie révèle de l’intelligence artificielle et l’humanité.
L’essor de l’intelligence artificielle provoque bien plus qu’un simple débat technique : il remet en question notre place dans le monde et notre compréhension de l’intelligence et de la conscience. Dans un monde où les machines peuvent imiter la parole humaine et analyser des données plus rapidement que nous, il devient essentiel de distinguer ce qui relève du calcul de ce qui appartient à la pensée consciente. La philosophie, en explorant des notions telles que l’esprit, l’émotion et la quête de sens, peut nous aider à répondre à ces questions. En réalité, l’intelligence artificielle n’est peut-être pas tant un miroir de notre esprit qu’un prisme, à travers lequel nous voyons de manière plus précise les qualités qui fondent l’essence humaine.
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L’Intelligence Artificielle en éducation
entre blocages et perspectives prometteuses
L’utilisation de l’IA dans le monde éducatif doit faire face à des craintes nombreuses, justifiées ou non, qui sont autant de blocage à lever pour répondre aux ambitions françaises en la matière.
Il est important de mettre en évidence les enjeux essentiels liés à l’introduction de l’intelligence artificielle dans le domaine de l’éducation. L’IA, avec sa rapidité et sa puissance de traitement, doit trouver sa place dans l’éducation, mais sans menacer nos valeurs humaines fondamentales ni notre autonomie intellectuelle. L’IA doit être perçue comme un outil d’accompagnement, non comme un substitut de l’enseignant.
Il est évident que malgré ses capacités analytiques, l’IA n’atteint pas les qualités propres à l’esprit humain : la conscience, l’émotion, la quête de sens. La philosophie, en questionnant les limites entre calcul algorithmique et pensée humaine, nous rappelle la richesse de notre intelligence, indissociable des valeurs et des questionnements existentiels. Pour les enseignants, il est essentiel de préserver cet aspect fondamental de leur mission.
L’intégration de l’IA doit être réfléchie et encadrée par une formation qui va au-delà des compétences technologiques. Les élèves doivent être armés d’esprit critique et d’une compréhension éthique qui leur permettra de naviguer dans un monde de plus en plus automatisé, tout en restant maîtres de leur propre pensée.
Ainsi, l’IA ne doit ni imposer un modèle de pensée unique ni alourdir les tâches administratives. Elle doit se limiter à soutenir les valeurs éducatives humanistes que nous cherchons à transmettre. C’est en prenant conscience de ces enjeux que nous pourrons intégrer l’IA comme un atout pour une éducation véritablement humaniste et enrichie, sans jamais chercher à remplacer ce qui fait notre essence.