Chronique de Julien Cartier Président fondateur de l’Institut pour l’Education Augmentée
avec Antoine TREDEZ, membre fondateur.
Mis à jour le 07/10/24 10:50
De la promotion du logiciel libre à l’IA, en passant par la structuration de communautés en ligne partageant des connaissances et des compétences, le numérique est un vecteur vital de l’éducation populaire.
Pour autant, souvent abordé comme un « outil technique », son impact émancipateur au profit de l’apprenant est parfois sous-évalué. De son appropriation par tous dépend à la fois une amélioration de l’éducation au sens large du terme, mais aussi l’innovation démocratique et sociale.
Une vision plurielle de l’Education populaire à l’image de la société
L’éducation populaire est par essence difficilement définissable. Introduisons-le en soulignant donc ses éléments de consensus : l’appropriation de l’éducation par chacun dans une dimension émancipatrice et participative. Intimement démocratique par essence, elle favorise l’émergence d’appropriations sémantiques diverses, à l’image du pluralisme des opinions dans notre système de gouvernance. Dans ce texte, nous souhaitons questionner son évolution à l’aube de l’IA.
Ainsi, inéluctablement, portées par la question du temps libéré et de son utilisation à des fins émancipatrices, l’éducation populaire se retrouve aujourd’hui à devoir prendre en charge et s’impliquer dans une nouvelle révolution : celle portée par la technologie de rupture que représente l’IA.
L’appropriation démocratique de l’IA et son intégration dans les activités actuelles pour les rendre plus efficientes est la garantie d’une application « humaine » et pragmatique qui prône l’autonomie. Si nous devions le résumer en un néologisme, l’IA est un appel à tous les “eDconoclastes”, en cela que l’éducation populaire catalyse l’éducation en supplément du système d’éducation publique.
L’appropriation de l’intelligence artificielle éducative par l’éducation populaire
“Un des problèmes que nous avons à l’heure actuelle, c’est que le numérique est certes reconnu comme un enjeu de société, mais qu’il reste identifié comme un sujet technique malgré tout.”
Cette citation, issue d’un texte intitulé “Pourquoi faire de l’éducation populaire au numérique ?” publié par Framasoft, association de l’éducation populaire au numérique, résume tout l’enjeu de voir se développer ce type de cadres pour l’IA. Il s’agit, en effet, de généraliser l’apprentissage des compétences propres qu’exige l’intelligence artificielle, et notamment l’IA générative, à travers les outils pédagogiques développés par l’éducation populaire.
Le think-tank international United Sigma Intelligency Association exprimait que “les ministères de l’éducation devraient déclarer l’augmentation du niveau des connaissances comme un objectif national pour l’éducation”. Alors que les nouvelles générations ont accès à une quantité quasi illimitée de savoir entre leurs mains, beaucoup se questionnent sur l’apparente baisse du niveau cognitif et l’illectronisme. Peut-être simplement dû à un biais de perception qu’il nous faut entendre et qui doit être au cœur des sujets d’éducation populaire justement : disposer de connaissances factuelles n’est plus en soi un élément discriminant, c’est l’aptitude à identifier les informations pertinentes, les traiter et les exploiter dans le cadre d’une vision holistique qui domine.
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Bravo pour cette tribune qui offre une réflexion pertinente sur le rôle de l’intelligence artificielle comme catalyseur pour l’éducation populaire, en mettant en lumière son potentiel émancipateur et démocratique. L’accent mis sur l’appropriation de l’IA par tous, et non seulement par les experts, est particulièrement intéressant car il rappelle les valeurs fondamentales d’inclusion et de participation active propres à l’éducation populaire. Les exemples concrets, tels que l’utilisation de l’IA dans le périscolaire, illustrent de manière convaincante les bénéfices pratiques de cette intégration.
Cependant, bien que la vision soit optimiste et innovante, le texte gagnerait à évoquer les limites et risques liés à l’utilisation de l’IA, comme les biais algorithmiques ou les inégalités d’accès aux technologies. Malgré cela, il constitue une contribution stimulante pour envisager une nouvelle ère où l’éducation populaire et les technologies de rupture peuvent collaborer pour des solutions éducatives inclusives et adaptées.